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LIVRE I, CHAP. XII

certains actes religieux d’un ordre moins spécial, et dont seuls ils possèdent la formule et le sens, ou dont la transmission fidèle d’âge en âge importe aux intérêts de l’État. Exclusifs par excellence, et ne se recrutant que parmi les citoyens, ces experts devinrent à la longue les dépositaires des sciences et des procédés de l’art. Dans la cité romaine et dans la cité latine même, il n’y eut d’abord que deux collèges d’experts sacrés : celui des augures et celui des pontifes[1].Augures. Pontifes. Les six augures reconnaissaient le langage des dieux dans le vol des oiseaux : ils poursuivirent assidûment leurs études, et les portèrent à la hauteur d’un savant système d’interprétation sacrée. Les cinq constructeurs de ponts (pontifices) tirèrent leur nom de la charge sainte et si importante qui leur était confiée, de monter et de démonter le pont du Tibre. Ils furent, à proprement parler, les ingénieurs romains, sachant les secrets des mesures et des nombres. De là, pour eux, le devoir d’établir le calendrier public, d’an-

  1. On rencontre, en effet, les augures et les pontifes dans toute cité latine constituée à la manière romaine (Cic., de lege agr., 2, 35, 96. — V. aussi les inscriptions en grand nombre). Des autres il n’est jamais fait mention. Les augures et les pontifes appartiennent donc au fond commun du Latium primitif, et viennent en ligne avec les dix curies, les flamines, les saliens et les luperques. Au contraire les duovirs, les féciaux et les autres collèges, appartiennent à une époque romaine plus récente, comme les trente curies, les tribus et les centuries de Servius : aussi sont-ils demeurés spéciaux à Rome. Peut-être que le nom du second collège, celui des pontifes, a remplacé, dans les institutions latines et par l’effet de l’influence romaine, un nom plus ancien, et variable de sa nature ; peut-être encore qu’à l’origine (de sérieuses indications philologiques le donnent à croire) le mot pons signifiait-il simplement chemin et non pont ; d’où pontife (pontifex) eût voulu dire constructeur des chemins. — Quant aux augures, les sources varient sur le fait de leur nombre primitif. On a voulu qu’il fut toujours impair ; mais Cic., loc. cit., contredit formellement cette assertion. Tite-Live aussi est loin de l’affirmer (10, 6). Il dit seulement que leur nombre est toujours divisible par trois ; d’où il suit qu’il est réductible à un chiffre impair. Selon le même auteur (eod. loc.), il y aurait eut six augures jusqu’à la loi Ogulnia ; ce qui cadre avec les détails fournis par Cicéron (de rep., 2, 9, 14), lorsqu’il enseigne que Romulus avait créé quatre augures, auxquels il en fut ajouté deux par Numa.