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LIVRE I, CHAP. X

bonne heure occupé par les marins étrusques. Ils paraissent enfin avoir fondé même une Dodécapole en Campanie : l’histoire mentionne des cités de langue étrusque, debout encore à l’intérieur du pays jusque dans des temps comparativement rapprochés ; et qui ont dû assurément leur origine à la domination maritime des Toscans, et à leur rivalité avec les Cyméens du Vésuve.

Les Étrusques, d’ailleurs, ne couraient pas toujours à la maraude et au pillage. Ils eurent aussi d’amicales relations avec les villes grecques, témoins les monnaies d’or et d’argent frappées dès l’an 550 av. J.-C.200, sur le modèle et d’après le titre des pièces grecques, dans les villes de l’Étrurie, et notamment à Populonia. Ajoutons que ce modèle, ils ne l’allaient pas prendre dans la Grande-Grèce ; ils copiaient les monnaies de l’Attique ou de l’Asie-Mineure, de préférence ; preuve nouvelle et sans réplique de leur hostilité vis-à-vis des Gréco-Italiens.

Pour ce qui est du commerce, leur situation était des plus favorables. Ils avaient sous ce rapport un grand avantage sur les Latins. Occupant l’Italie moyenne d’une mer à l’autre, ils étaient en possession des grands ports francs de la mer de l’ouest. À l’est, ils étaient maîtres des bouches du Pô, et de la Venise de ces temps : enfin, ils dominaient l’antique voie de terre, allant de Pise sur la mer Tyrrhénienne à Spina, sur la mer Adriatique : dans l’Italie du sud, ils possédaient les riches plaines de Capoue et de Nola. À eux appartenaient le fer de l’Æthalie [Elbe], le cuivre de Volaterra [Volterre] et de la Campanie, l’argent de Populonia, et l’ambre, qui leur était apporté de la Baltique (p. 173). À l’aide de leur piraterie, et comme par l’effet d’un acte de navigation grossier, leur commerce prospéra : le négociant de Milet, débarquant à Sybaris, y trouvait la concurrence du négociant Étrusque. Mais