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LES HELLÈNES, L’EMPIRE DES MERS

nicien et signifie « ville ronde, » à raison de la forme de l’enceinte, quand on la voyait du rivage. Cette station était d’ailleurs peu importante ; elle fut promptement abandonnée avec toutes celles, s’il y en eut d’autres, qui auraient été fondées alors sur les côtes italiennes. Comment, en effet, dans l’hypothèse contraire, tous les vestiges en auraient-ils disparu ? Ajoutons qu’il n’y a pas de motifs sérieux de tenir ces établissements pour les aînés de ceux des Grecs dans les mêmes contrées. Citons une autre et incontestable preuve. Le nom latin des Phéniciens est emprunté à la dénomination usitée en Grèce [Φοινίχοι] n’en faut-il pas conclure que les Chanaanites n’ont été connus dans le Latium que par l’intermédiaire des Grecs ?

C’est par les Grecs, en effet, qu’eut lieu la première initiation de l’Italie aux mystères de la civilisation orientale ; et, pour qui ne veut pas remonter jusqu’aux temps anté-helléniques, le comptoir phénicien de Cœré peut fort bien n’avoir été créé que plus tard, et à l’occasion de relations commerciales établies avec Carthage. La navigation primitive n’était guère qu’un cabotage côtier : elle resta telle pendant des siècles ; et, pour les caboteurs, le continent italien était placé à la plus longue distance des côtes phéniciennes. Les Phéniciens ne pouvaient y arriver par la Grèce occidentale, ou par la Sicile ; et tout porte à croire que les rapides progrès de la marine des Hellènes leur ont permis de devancer leurs maîtres dans les parages des mers Tyrrhénienne et Adriatique. Les Phéniciens n’ont donc point exercé, dès l’origine et directement, une influence grande sur la civilisation italique : mais, plus tard, devenus maîtres de la Méditerranée occidentale, nous les verrons entrer en rapports plus fréquents avec les peuples de la mer Tyrrhénienne.

Les Grecs en Italie.Suivant toute apparence, les navigateurs de la Grèce,