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LIVRE I, CHAP. IX

un pied de paix, et le peuple étrusque ne poussa pas plus loin son territoire. Quelque étranger qu’il fut aux yeux des Romains, pour qui les Latins étaient des parents, ceux-ci, au contraire, semblent avoir bien moins redouté des attaques et des dangers venant de la rive droite, que du côté de Gabies et d’Albe. La raison en est simple, ils avaient pour les protéger contre les Étrusques le large courant du fleuve ; et, circonstance toute propice aux progrès mercantiles et politiques de leur ville, aucune des cités puissantes de l’Étrurie n’était placée sur le Tibre. Autrement en était-il du Latium. C’est avec Véies, la cité étrusque la plus rapprochée du fleuve, qu’eurent lieu les premières et les plus fréquentes luttes, entre Rome et le Latium coalisés. Il s’agissait de la possession de Fidènes, tête de pont aussi importante pour les Véiens sur la rive gauche, que le Janicule pour les Romains sur la rive droite : les chances des combats en firent une possession tantôt latine et tantôt étrusque. Avec Cœré, plus éloignée de Rome, les relations furent bonnes et amicales, beaucoup meilleures surtout qu’elles ne l’étaient alors d’ordinaire entre peuplades voisines. La légende fait bien allusion à des conflits oubliés, dans les temps les plus lointains, entre cette ville et les Latins : Mézence, roi de Cœré, leur aurait fait subir une défaite désastreuse, et imposé un tribut payable en vin : mais, après ces hostilités anciennes, la tradition énumère avec complaisance les relations journalières et étroites, qui s’étaient plus tard établies entre les deux centres commerciaux et maritimes des deux peuples.

Nous disions que par la voie de terre, les Étrusques ne se sont pas avancés au delà du Tibre. Nul vestige certain, du moins, n’indique qu’ils soient allés plus loin. Nous les trouvons bien au premier rang dans l’armée barbare, anéantie sous les murs de Cymé [Cumes] par Aristo-