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SUPRÉMATIE DE ROME DANS LE LATIUM

étaient les boutiques des marchands et les étalages des bouchers. Entre l’Aventin et le Palatin avait été réservé un vaste emplacement pour les courses : là, fut le Cirque. Sur tous les sommets se voyaient des temples et des sanctuaires : sur l’Aventin, notamment, s’élevait le temple fédéral de Diane (p. 143), et sur la hauteur du Capitole, le temple dominant au loin, de Diovis, père des Romains (pater Diovis, Diespiter), auteur de la grandeur de son peuple, et qui, de même que Rome levait la tête au-dessus des nations environnantes, triomphait, lui aussi, au-dessus de leurs dieux vaincus. — Les noms des hommes qui présidèrent à ces constructions grandioses se sont perdus dans la nuit des temps, comme aussi les noms des généraux qui commandaient les armées romaines aux jours de leurs premières et plus anciennes victoires. La légende a voulu les rattacher successivement aux divers rois : la Maison du conseil, ou Curie à Tullus Hostilius ; le Janicule et le pont de bois à Ancus Marcius ; le grand égout, le cirque, le temple de Jupiter à Tarquin l’Ancien ; le temple de Diane, la nouvelle enceinte, à Servius Tullius. Il peut y avoir là beaucoup de choses vraies : la nouvelle enceinte et le nouveau système militaire, si importants pour la défense des murailles de la ville, appartiennent sans doute à un même temps et à une même main. Mais il serait téméraire de demander à la tradition au delà de ce qu’elle peut donner : qu’on se contente de voir Rome se refondre et se renouveler au moment même où sa puissance s’étend dans le Latium, et où sa milice civique vient d’être réorganisée. Une seule et même grande pensée a bien dirigé tous ces changements ; mais ils n’ont été

    rien de commun avec la ville Palatine ; mais qu’elles se rapportent plutôt au remaniement de Servius, à la seconde Rome. Nous ne nous arrêterons pas aux récits postérieurs qui rattachent la Regia et le temple de Vesta à Numa. Le motif de cette fable est trop manifeste pour mériter qu’on s’y arrête.