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RÉFORME DE LA CONSTITUTION

Le cens    Avec la nouvelle organisation militaire, l’État fit marcher de pair un cadastre exact des domaines fonciers. Il fut prescrit alors, ou tout au moins soigneusement réglé, qu’un livre terrier serait ouvert, sur lequel les propriétaires faisaient inscrire leurs champs, avec toutes leurs appartenances et servitudes actives et passives, avec tous les esclaves et les bêtes de trait ou de somme qui y étaient installés. Toute aliénation non faite publiquement et devant témoins était tenue pour nulle. Le rôle foncier, qui était aussi le rôle de la conscription, était révisé tous les quatre ans. Ainsi, la mancipation (mancipatio) et le cens (census) sont sortis des règlements militaires de la constitution Servienne.

Conséquences politiques de l’organisation militaire.On voit clairement se dessiner le but premier de toutes les institutions de Servius. Dans tout ce plan, savamment compliqué, on ne trouve rien qui n’ait trait à l’arrangement des centuries, en vue de la guerre et, pour quiconque s’est habitué à réfléchir sur ces matières, il devient évident que ce n’est que plus tard qu’il a été possible de tourner ces institutions vers la politique intérieure. S’il en était autrement, comment expliquer la règle qui excluait le sexagénaire des centuries ? N’en ressort-il pas qu’elles n’étaient rien moins qu’une forme représentative, à l’égal et à côté des curies ? Et, comme, d’un autre côté, l’adjonction des simples domiciliés aux citoyens dans les rangs de l’armée n’a certainement eu lieu que pour augmenter celle-ci, il serait vraiment absurde d’y aller découvrir l’introduction de la timocratie dans Rome. Ne méconnaissons pas pourtant, qu’à la longue, l’entrée des simples habitants dans l’armée amena des modifications essentielles à leur condition politique. Quiconque est soldat, doit pouvoir devenir officier dans un État sainement constitué. Aussi ne fait-il pas doute que, dès cette époque, il ne fut plus interdit à un plébéien de s’élever aux grades