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RÉFORME DE LA CONSTITUTION

chacune des trois classes suivantes, et vingt-huit dans la dernière. La considération des droits politiques n’entrait donc pour rien dans le recrutement de l’infanterie. Pour la cavalerie, on opéra différemment. La cavalerie civique fut maintenue avec ses cadres antérieurs ; mais il lui fut adjoint une troupe de cavaliers plus nombreuse du double, et composée en tout ou en grande partie d’habitants non citoyens. Sans doute de sérieuses raisons présidèrent à cet arrangement nouveau. Les cadres de l’infanterie n’étaient formés jamais que pour l’entrée en campagne : puis elle était licenciée au retour. Mais la cavalerie, les exigences de l’arme le voulaient ainsi, était au contraire maintenue, hommes et chevaux, sur le pied de guerre, même en temps de paix : elle était journellement exercée : les revues et les manœuvres de la chevalerie romaine ont duré fort longtemps et ont été même des sortes de fêtes[1]. Voilà comment il s’est fait que le premier tiers des centuries de chevaliers, dans une organisation nouvelle qui ne tenait plus compte de la distinction entre citoyens et non citoyens, a continué cependant d’être exclusivement recruté parmi les premiers. Cette anomalie n’a rien de politique ; elle tient uniquement à des considérations militaires. Du reste, on prit pour former la cavalerie les plus riches et les plus considérables parmi les propriétaires de l’un et de l’autre ordre : on voit de bonne heure, dès le début peut-être, exiger la possession de propriétés d’une certaine étendue pour l’admission dans les cadres. Ceux-ci en outre comptaient un nombre notable de places gratuites, pour lesquelles les femmes non mariées, les enfants mineurs, les vieillards sans enfants, ayant des propriétés foncières,

  1. Déjà et par le même motif, l’infanterie ayant été augmentée par le fait de l’annexion des Romains de la Colline, la chevalerie avait été aussi doublée : seulement, pour la première, au lieu de renforcer la légion, on avait créé deux légions appairées. (p. 114.)