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LES INSTITUTIONS PRIMITIVES DE ROME

existent, que perpétuer la mémoire d’une époque où elles ont constitué un tout[1]. La tradition ne dit pas qu’elles aient jamais obtenu une prééminence quelconque, ni qu’elles aient eu leur lieu spécial d’assemblée. Dans l’intérêt même de l’unité sociale qu’elles ont constituée par leur réunion, un tel privilège n’a pas dû, cela se comprend, leur être donné ni laissé. À la guerre, l’infanterie avait autant de doubles chefs qu’il y avait de tribus ; mais chaque couple des tribuns militaires, loin de ne commander qu’au contingent des siens, commandait seul ou avec tous ses collègues en corps, à l’armée tout entière. Comme les tribus, les gentes et les familles à leur tour, ont plus d’importance dans la symétrie de la cité que dans l’ordre même des faits. La nature n’a pas assigné de délimitations fixes à une maison, à une race. La puissance qui légifère peut entamer ou modifier le cercle qui les enferme ; elle peut couper en plusieurs branches une race déjà nombreuse ; elle en peut faire deux ou plusieurs gentes plus petites : elle peut augmenter ou diminuer de même une famille simple. — Quoi qu’il en soit, la parenté du sang est restée à Rome le lien tout puissant des races et bien plus encore des familles ; et quelle qu’ait été sur elles l’action de la cité, elle n’a jamais détruit leur caractère essentiel et leur loi d’affinité. Que si, dans l’origine, les maisons et les races ont été de même en nombre préfixe dans les villes Latines, ce qui semble probable, là aussi le hasard des événements humains a dû bientôt détruire la symétrie première. Les mille maisons et les cent gentes des dix curies ne sont un nombre normal qu’aux premiers débuts, et à supposer que l’histoire nous les montre telles d’abord, elles constituent une division plus théorique que réelle[2], dont le peu

  1. Le nom de parties, tribus, l’indique assez par lui-même. La partie, les juristes le savent, a été un tout, ou le sera dans l’avenir : mais dans le présent, elle n’a pas d’existence propre, réelle.
  2. En Esclavonie, où le régime patriarcal s’est maintenu jusqu’à nos