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Que vous joüez au Monde un petit Personnage,
De vous claquemurer aux choses du Ménage,
Et de n’entrevoir point de plaisirs plus touchans,
Qu’un Idole d’Épous, & des marmots d’Enfans !
Laissez aux Gens grossiers, aux Personnes vulgaires,
Les bas amusemens de ces sortes d’affaires.
À de plus hauts objets élevez vos desirs,
Songez à prendre un goust des plus nobles plaisirs,
Et traittant de mépris les sens & la matiere,
À l’Esprit comme nous donnez-vous toute entiere :
Vous avez nostre Mere en exemple à vos yeux,
Que du nom de Sçavante on honore en tous lieux,
Tâchez ainsi que moy de vous montrer sa Fille,
Aspirez aux clartez qui sont dans la Famille,
Et vous rendez sensible aux charmantes douceurs
Que l’amour de l’Étude épanche dans les cœurs :
Loin d’estre aux loix d’un Homme en Esclave asservie ;
Mariez-vous, ma Sœur, à la Philosophie,
Qui nous monte au dessus de tout le Genre Humain,
Et donne à la Raison l’empire souverain,
Soûmettant à ses loix la partie animale
Dont l’appétit grossier aux Bestes nous ravale.
Ce sont là les beaux feux, les doux attachemens,
Qui doivent de la vie occuper les momens ;
Et les soins où je voy tant de Femmes sensibles,
Me paroissent aux yeux des pauvretez horribles.

HENRIETTE.

Le Ciel, dont nous voyons que l’ordre est tout puissant,
Pour différens emplois nous fabrique en naissant ;
Et tout Esprit n’est pas composé d’une étoffe
Qui se trouve taillée à faire un Philosophe.
Si le vostre est né propre aux élevations
Où montent des Sçavans les spéculations,