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CHRISALE.

Non ; mais, si vous voulez, je suis prest à l’apprendre.

ARISTE.

Depuis assez longtemps vous connoissez Clitandre ?

CHRISALE.

Sans doute, & je le voy qui fréquente chez nous.

ARISTE.

En quelle estime est-il, mon Frere, auprès de vous ?

CHRISALE.

D’Homme d’honneur, d’esprit, de cœur, & de conduite,
Et je voy peu de Gens qui soient de son mérite.

ARISTE.

Certain desir qu’il a, conduit icy mes pas,
Et je me réjoüis que vous en fassiez cas.

CHRISALE.

Je connus feu son Pere en mon Voyage à Rome.

ARISTE.

Fort-bien.

CHRISALE.

Fort-bien.C’étoit, mon Frere, un fort bon Gentilhomme.

ARISTE.

On le dit.

CHRISALE.

On le dit.Nous n’avions alors que vingt-huit ans,
Et nous estions, ma foy, tous deux de Vert-Galans.

ARISTE.

Je le croy.

CHRISALE.

Je le croy.Nous donnions chez les Dames Romaines,
Et tout le Monde là parloit de nos fredaines ;
Nous faisions des Jalous.

ARISTE.

Nous faisions des Jalous.Voila qui va des mieux :
Mais venons au sujet qui m’amene en ces lieux.