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Et croyez, quand il dit qu’il me quitte & vous aime,
Qu’il n’y songe pas bien, & se trompe luy-mesme.

HENRIETTE.

Je ne sçay ; Mais enfin, si c’est vostre plaisir,
Il nous est bien aisé de nous en éclaircir.
Je l’apperçoy qui vient, & sur cette matiere
Il pourra nous donner une pleine lumiere.

SCENE II.

CLITANDRE, ARMANDE, HENRIETTE.
HENRIETTE.

Pour me tirer d’un doute où me jette ma Sœur,
Entre elle & moy, Clitandre, expliquez votre cœur,
Découvrez-en le fond, & nous daignez apprendre
Qui de nous à vos vœux est en droit de prétendre.

ARMANDE.

Non, non, je ne veux point à votre passion
Imposer la rigueur d’une explication ;
Je mênage les Gens, & sçay comme embarrasse
Le contraignant effort de ces aveus en face.

CLITANDRE.

Non, Madame, mon cœur qui dissimule peu,
Ne sent nulle contrainte à faire un libre aveu ;
Dans aucun embarras un tel pas ne me jette,
Et j’avoûray tout haut d’une ame franche & nette,
Que les tendres liens où je suis arresté,
Mon amour et mes vœux, sont tout de ce costé.
Qu’à nulle émotion cet aveu ne vous porte ;
Vous avez bien voulu les choses de la sorte,