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Éraste
Il fait fort bien : un malade ne doit point vouloir guérir que la Faculté n’y consente.

L’Apothicaire
Ce n’est pas parce que nous sommes grands amis, que j’en parle ; mais il y a plaisir, il y a plaisir d’être son malade ; et j’aimerais mieux mourir de ses remèdes que de guérir de ceux d’un autre ; car, quoi qui puisse arriver, on est assuré que les choses sont toujours dans l’ordre ; et quand on meurt sous sa conduite, vos héritiers n’ont rien à vous reprocher.

Éraste
C’est une grande consolation pour un défunt.

L’Apothicaire
Assurément : on est bien aise au moins d’être mort méthodiquement. Au reste, il n’est pas de ces médecins qui marchandent les maladies : c’est un homme expéditif, qui aime à dépêcher ses malades ; et quand on a à mourir, cela se fait avec lui le plus vite du monde.

Éraste
En effet, il n’est rien tel que de sortir promptement d’affaire.

L’Apothicaire
Cela est vrai : à quoi bon tant barguigner et