Page:Molière - L’Avare 1669.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous en userez comme vous voudrez, et me voilà prêt à souffrir toutes les violences qu’il vous plaira ; mais je vous prie de croire au moins que, s’il y a du mal, ce n’est que moi qu’il en faut accuser, et que votre fille en tout ceci n’est aucunement coupable.

Harpagon

Je le crois bien, vraiment ; il serait fort étrange que ma fille eût trempé dans ce crime. Mais je veux ravoir mon affaire, et que tu me confesses en quel endroit tu me l’as enlevée.

Valère

Moi ? Je ne l’ai point enlevée, et elle est encore chez vous.

Harpagon, à part

O ma chère cassette ! (Haut.) Elle n’est point sortie de ma maison ?

Valère

Non, monsieur.

Harpagon

Hé ! dis-moi donc un peu : tu n’y as point touché ?

Valère

Moi, y toucher ! Ah ! vous lui faites tort, aussi bien qu’à moi ; et c’est d’une ardeur toute pure et respectueuse que j’ai brûlé pour elle.

Harpagon, à part

Brûlé pour ma cassette !

Valère

J’aimerais mieux mourir que de lui avoir fait paraître aucune pensée offensante : elle est trop sage et trop honnête pour cela.

Harpagon, à part

Ma cassette trop honnête !

Valère