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rien de plus noble que cela dans le monde, et vous irez de pair avec les plus grands seigneurs de la terre.

Monsieur Jourdain
Le fils du Grand Turc m’honore beaucoup, et je vous prie de me mener chez lui pour lui faire mes remercîments.

Covielle
Comment ? le voilà qui va venir ici.

Monsieur Jourdain
Il va venir ici ?

Covielle
Oui ; et il amène toutes choses pour la cérémonie de votre dignité.

Monsieur Jourdain
Voilà qui est bien prompt.

Covielle
Son amour ne peut souffrir aucun retardement.

Monsieur Jourdain
Tout ce qui m’embarrasse ici, c’est que ma fille est une opiniâtre, qui s’est allée mettre dans la tête un certain Cléonte, et elle jure de n’épouser personne que celui-là.

Covielle
Elle changera de sentiment quand elle verra le fils du Grand Turc ; et puis il se rencontre ici une aventure merveilleuse, c’est que le fils du Grand Turc ressemble à ce Cléonte, à peu de chose près. Je viens de le voir, on me l’a montré ; et l’amour qu’elle a pour l’un, pourra passer aisément à l’autre, et. Je l’entends venir : le voilà.



Scène IV

Cléonte en Turc, avec trois pages portant sa veste, Monsieur Jourdain, Covielle déguisé.

Cléonte
Ambousahim oqui boraf, iordina salamalequi.

Covielle
C’est-à-dire : « Monsieur Jourdain, votre cœur soit toute l’année comme un rosier fleuri. » Ce sont façons de parler obligeantes de ces pays-là.

Monsieur Jourdain
Je suis très humble serviteur de Son Altesse Turque.

Covielle
Carigar camboto oustin moraf.

Cléonte