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me pas les grands compliments, et elle sait que vous êtes homme d’esprit. (Bas, à Dorimène.) C’est un bon bourgeois assez ridicule, comme vous voyez, dans toutes ses manières.

Dorimène
Il n’est pas malaisé de s’en apercevoir.

Dorante
Madame, voilà le meilleur de mes amis.

Monsieur Jourdain
C’est trop d’honneur que vous me faites.

Dorante
Galant homme tout à fait.

Dorimène
J’ai beaucoup d’estime pour lui.

Monsieur Jourdain
Je n’ai rien fait encore, Madame, pour mériter cette grâce.

Dorante, bas, à M. Jourdain.
Prenez bien garde au moins à ne lui point parler du diamant que vous lui avez donné.

Monsieur Jourdain
Ne pourrais-je pas seulement lui demander comment elle le trouve ?

Dorante
Comment ? gardez-vous-en bien : cela serait vilain à vous ; et pour agir en galant homme, il faut que vous fassiez comme si ce n’était pas vous qui lui eussiez fait ce présent. Monsieur Jourdain, Madame, dit qu’il est ravi de vous voir chez lui.

Dorimène
Il m’honore beaucoup.

Monsieur Jourdain
Que je vous suis obligé, Monsieur, de lui parler ainsi pour moi !

Dorante
J’ai eu une peine effroyable à la faire venir ici.

Monsieur Jourdain
Je ne sais quelles grâces vous en rendre.

Dorante
Il dit, Madame, qu’il vous trouve la plus belle personne du monde.

Dorimène