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rais-je pas dit que l’aventure dont vous vous plaignez a été causée ce matin par la présence d’une vieille tante, qui veut à toute force que la seule approche d’un homme déshonore une fille, qui perpétuellement nous sermonne sur ce chapitre, et nous figure tous les hommes comme des diables qu’il faut fuir ?

Nicole
Voilà le secret de l’affaire.

Cléonte
Ne me trompez-vous point, Lucile ?

Covielle
Ne m’en donnes-tu point à garder ?

Lucile
Il n’est rien de plus vrai.

Nicole
C’est la chose comme elle est.

Covielle
Nous rendrons-nous à cela ?

Cléonte
Ah ! Lucile, qu’avec un mot de votre bouche vous savez apaiser de choses dans mon cœur ! et que facilement on se laisse persuader aux personnes qu’on aime !

Covielle
Qu’on est aisément amadoué par ces diantres d’animaux-là !



Scène XI

Madame Jourdain, Cléonte, Lucile, Covielle, Nicole.

Madame Jourdain
Je suis bien aise de vous voir, Cléonte, et vous voilà tout à propos. Mon mari vient ; prenez vite votre temps pour lui demander Lucile en mariage.

Cléonte
Ah ! Madame, que cette parole m’est douce, et qu’elle flatte mes désirs ! Pouvais-je recevoir un ordre plus charmant ? une faveur plus précieuse ?



Scène XII

Monsieur Jourdain, Madame Jourdain, Cléonte, Lucile, Covielle, Nicole.

Cléonte
Monsieur, je n’ai voulu prendre personne pour vous faire