Page:Molière - Œuvres complètes, Garnier, 1904, tome 03.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée

Madame Jourdain vous baise les mains.

Dorante, bas à M. Jourdain.
Notre belle marquise, comme je vous ai mandé par mon billet, viendra tantôt ici pour le ballet et le repas ; je l’ai fait consentir enfin au régal que vous lui voulez donner.

Monsieur Jourdain
Tirons-nous un peu plus loin, pour cause.

Dorante
Il y a huit jours que je ne vous ai vu, et je ne vous ai point mandé de nouvelles du diamant que vous me mîtes entre les mains pour lui en faire présent de votre part ; mais c’est que j’ai eu toutes les peines du monde à vaincre son scrupule, et ce n’est que d’aujourd’hui qu’elle s’est résolue à l’accepter.

Monsieur Jourdain
Comment l’a-t-elle trouvé ?

Dorante
Merveilleux ; et je me trompe fort, ou la beauté de ce diamant fera pour vous sur son esprit un effet admirable.

Monsieur Jourdain
Plût au Ciel !

Madame Jourdain
Quand il est une fois avec lui, il ne peut le quitter.

Dorante
Je lui ai fait valoir comme il faut la richesse de ce présent et la grandeur de votre amour.

Monsieur Jourdain
Ce sont, Monsieur, des bontés qui m’accablent ; et je suis dans une confusion la plus grande du monde, de voir une personne de votre qualité s’abaisser pour moi à ce que vous faites.

Dorante
Vous moquez-vous ? est-ce qu’entre amis on s’arrête à ces sortes de scrupules ? et ne feriez-vous pas pour moi la même chose, si l’occasion s’en offrait ?

Monsieur Jourdain
Ho ! assurément, et de très grand cœur.

Madame Jourdain
Que sa présence me pèse sur les épaules !

Dorante
Pour moi, je ne regarde rien, quand il faut servir un ami ;