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C’est bien autre chose, si vous aviez vu O, et Da, Da, et Fa, Fa.

Madame Jourdain
Qu’est-ce que c’est donc que tout ce galimatias-là ?

Nicole
De quoi est-ce que tout cela guérit ?

Monsieur Jourdain
J’enrage quand je vois des femmes ignorantes.

Madame Jourdain
Allez, vous devriez envoyer promener tous ces gens-là, avec leurs fariboles.

Nicole
Et surtout ce grand escogriffe de maître d’armes, qui remplit de poudre tout mon ménage.

Monsieur Jourdain
Ouais, ce maître d’armes vous tient bien au cœur. Je te veux faire voir ton impertinence tout à l’heure. (Il fait apporter les fleurets, et en donne à Nicole.) Tiens. Raison démonstrative, la ligne du corps. Quand on pousse en quarte, on n’a qu’à faire cela, et quand on pousse en tierce, on n’a qu’à faire cela. Voilà le moyen de n’être jamais tué ; et cela n’est-il pas beau, d’être assuré de son fait, quand on se bat contre quelqu’un ? Là, pousse-moi un peu pour voir.

Nicole
Hé bien, quoi ?

Nicole lui pousse plusieurs coups.

Monsieur Jourdain
Tout beau, holà, oh ! doucement. Diantre soit la coquine !

Nicole
Vous me dites de pousser.

Monsieur Jourdain
Oui ; mais tu me pousses en tierce, avant que de pousser en quarte, et tu n’as pas la patience que je pare.

Madame Jourdain
Vous êtes fou, mon mari, avec toutes vos fantaisies, et cela vous est venu depuis que vous vous mêlez de hanter la noblesse.

Monsieur Jourdain
Lorsque je hante la noblesse, je fais paraître mon jugement, et cela est plus beau que de hanter votre bourgeoisie.

Madame Jourdain