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Mais a-t-on jamais vu une pendarde comme celle-là ? Qui me vient rire insolemment au nez, au lieu de recevoir mes ordres ?

Nicole
Que voulez-vous que je fasse, Monsieur ?

Monsieur Jourdain
Que tu songes, coquine, à préparer ma maison pour la compagnie qui doit venir tantôt.

Nicole
Ah ! par ma foi ! je n’ai plus envie de rire ; et toutes vos compagnies font tant de désordre céans, que ce mot est assez pour me mettre en mauvaise humeur.

Monsieur Jourdain
Ne dois-je point pour toi fermer ma porte à tout le monde ?

Nicole
Vous devriez au moins la fermer à certaines gens.



Scène III

Madame Jourdain, Monsieur Jourdain, Nicole, Laquais.

Madame Jourdain
Ah ! ah ! voici une nouvelle histoire. Qu’est-ce que c’est donc, mon mari, que cet équipage-là ? Vous moquez-vous du monde, de vous être fait enharnacher de la sorte ? et avez-vous envie qu’on se raille partout de vous ?

Monsieur Jourdain
Il n’y a que des sots et des sottes, ma femme, qui se railleront de moi.

Madame Jourdain
Vraiment on n’a pas attendu jusqu’à cette heure, et il y a longtemps que vos façons de faire donnent à rire à tout le monde.

Monsieur Jourdain
Qui est donc tout ce monde-là, s’il vous plaît ?

Madame Jourdain
Tout ce monde-là est un monde qui a raison, et qui est plus sage que vous. Pour moi, je suis scandalisée de la vie que vous menez. Je ne sais plus ce que c’est que notre maison : on dirait qu’il est céans carême-prenant tous les jours ; et dès le matin, de peur d’y manquer, on y entend des vacarmes de