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Mon gentilhomme.

Monsieur Jourdain
« Mon gentilhomme ! » Voilà ce que c’est de se mettre en personne de qualité. Allez-vous-en demeurer toujours habillé en bourgeois, on ne vous dira point : « Mon gentilhomme ». Tenez, voilà pour « Mon gentilhomme ».

Garçon tailleur
Monseigneur, nous vous sommes bien obligés.

Monsieur Jourdain
« Monseigneur », oh, oh ! « Monseigneur » ! Attendez, mon ami : « Monseigneur » mérite quelque chose, et ce n’est pas une petite parole que « Monseigneur ». Tenez, voilà ce que Monseigneur vous donne.

Garçon tailleur
Monseigneur, nous allons boire tous à la santé de Votre Grandeur.

Monsieur Jourdain
« Votre Grandeur ! » Oh, oh, oh ! Attendez, ne vous en allez pas. à moi « Votre Grandeur ! » Ma foi, s’il va jusqu’à l’Altesse, il aura toute la bourse. Tenez, voilà pour Ma Grandeur.

Garçon tailleur
Monseigneur, nous la remercions très humblement de ses libéralités.

Monsieur Jourdain
Il a bien fait : je lui allais tout donner.

Les quatre garçons tailleurs se réjouissent par une danse, qui fait le second intermède.


ACTE III



Scène I

Monsieur Jourdain, Laquais.

Monsieur Jourdain
Suivez-moi, que j’aille un peu montrer mon habit par la ville ; et surtout ayez soin tous deux de marcher immédiatement sur mes pas, afin qu’on voie bien que vous êtes à moi.

Laquais
Oui, Monsieur.

Monsieur Jourdain