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et un autre qui, pour assembler un pourpoint, est le héros de notre temps.

Monsieur Jourdain
La perruque, et les plumes sont-elles comme il faut ?

Maître tailleur
Tout est bien.

Monsieur Jourdain, en regardant l’habit du tailleur.
Ah ! ah ! Monsieur le tailleur, voilà de mon étoffe du dernier habit que vous m’avez fait. Je la reconnais bien.

Maître tailleur
C’est que l’étoffe me sembla si belle, que j’en ai voulu lever un habit pour moi.

Monsieur Jourdain
Oui, mais il ne fallait pas le lever avec le mien.

Maître tailleur
Voulez-vous mettre votre habit ?

Monsieur Jourdain
Oui, donnez-le-moi.

Maître tailleur
Attendez. Cela ne va pas comme cela. J’ai amené des gens pour vous habiller en cadence, et ces sortes d’habits se mettent avec cérémonie. Holà ! entrez, vous autres. Mettez cet habit à Monsieur, de la manière que vous faites aux personnes de qualité.

Quatre garçons tailleurs entrent, dont deux lui arrachent le haut-de-chausses de ses exercices, et deux autres la camisole ; puis ils lui mettent son habit neuf ; et M. Jourdain se promène entre eux, et leur montre son habit, pour voir s’il est bien. Le tout à la cadence de toute la symphonie.

Garçon tailleur
Mon gentilhomme, donnez, s’il vous plaît, aux garçons quelque chose pour boire.

Monsieur Jourdain
Comment m’appelez-vous ?

Garçon tailleur