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Oui, de tous vos papiers, dont il se dit le maître,
Il veut qu’entre vos mains je dépouille le traître.
D’un souverain pouvoir, il brise les liens
Du contrat qui lui fait un don de tous vos biens
Et vous pardonne enfin cette offense secrète
Où vous a d’un ami fait tomber la retraite ;
Et c’est le prix qu’il donne au zèle qu’autrefois
On nous vit témoigner en appuyant ses droits,
Pour montrer que son cœur sait, quand moins on y pense,
D’une bonne action verser la récompense ;
Que jamais le mérite avec lui ne perd rien ;
Et que, mieux que du mal, il se souvient du bien.

DORINE.

Que le ciel soit loué !

MADAME PERNELLE.

Que le ciel soit loué ! Maintenant je respire.

ELMIRE.

Favorable succès !

MARIANE.

Favorable succès ! Qui l’auroit osé dire ?

ORGON, à Tartuffe, que l’exempt emmène.

Eh bien, te voilà, traître !…


Scène VIII.

MADAME PERNELLE, ORGON, ELMIRE,
MARIANE, CLÉANTE, VALÈRE, DAMIS, DORINE.
CLÉANTE.

Ah ! mon frère, arrêtez,
Et ne descendez point à des indignités.
À son mauvais destin laissez un misérable.
Et ne vous joignez point au remords qui l’accable.
Souhaitez bien plutôt que son cœur, en ce jour,
Au sein de la vertu fasse un heureux retour ;
Qu’il corrige sa vie en détestant son vice.
Et puisse du grand prince adoucir la justice ;
Tandis qu’à sa bonté vous irez, à genoux,
Rendre ce que demande un traitement si doux.