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À vous mettre en lieu sûr je m’offre pour conduite,
Et veux accompagner jusqu’au bout votre fuite.

ORGON.

Las ! que ne dois-je point à vos soins obligeans ?
Pour vous en rendre grâce, il faut un autre temps ;
Et je demande au ciel de m’être assez propice
Pour reconnoître un jour ce généreux service.
Adieu. Prenez le soin, vous autres…

CLÉANTE.

Adieu. Prenez le soin, vous autres…Allez tôt ;
Nous songerons, mon frère, à faire ce qu’il faut.


Scène VII.

TARTUFFE, UN EXEMPT, MADAME PERNELLE,
ORGON, ELMIRE, CLÉANTE, MARIANE,
VALÈRE, DAMIS, DORINE.
TARTUFFE, arrêtant Orgon.

Tout beau, monsieur, tout beau ! ne courez point si vite :
Vous n’irez pas fort loin pour trouver votre gîte ;
Et, de la part du prince, on vous fait prisonnier.

ORGON.

Traître ! tu me gardois ce trait pour le dernier :
C’est le coup, scélérat, par où tu m’expédies ;
Et voilà couronner toutes tes perfidies !

TARTUFFE.

Vos injures n’ont rien à me pouvoir aigrir ;
Et je suis, pour le ciel, appris à tout souffrir.

CLÉANTE.

La modération est grande, je l’avoue.

DAMIS.

Comme du ciel l’infâme impudemment se joue !

TARTUFFE.

Tous vos emportemens ne sauroient m’émouvoir,
Et je ne songe à rien qu’à faire mon devoir.

MARIANE.

Vous avez de ceci grande gloire à prétendre ;
Et cet emploi pour vous est fort honnête à prendre.

TARTUFFE.

Un emploi ne sauroit être que glorieux,