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DORINE.

Avec un si bon dos, ma foi ! monsieur Loyal,
Quelques coups de bâton ne vous siéroient pas mal.

M. LOYAL.

On pourroit bien punir ces paroles infâmes,
Ma mie ; et l’on décrète aussi contre les femmes.

CLÉANTE, à M. Loyal.

Finissons tout cela, monsieur ; c’ent est assez.
Donnez tôt ce papier, de grâce, et nous laissez.

M. LOYAL.

Jusqu’au revoir. Le ciel vous tienne en joie ?

ORGON.

Puisse-t-il te confondre, et celui qui t’envoie !


Scène V.

ORGON, MADAME PERNELLE, ELMIRE,
CLÉANTE, MARIANE, DAMIS, DORINE.
ORGON.

Eh bien, vous le voyez, ma mère, si j’ai droit ;
Et vous pouvez juger du reste par l’exploit.
Ses trahisons enfin vous sont-elles connues ?

MADAME PERNELLE.

Je suis tout ébaubie, et je tombe des nues !

DORINE, à Orgon.

Vous vous plaignez à tort, à tort vous le blâmez,
Et ses pieux desseins par là sont confirmés.
Dans l’amour du prochain sa vertu se consomme :
Il sait que très-souvent les biens corrompent l’homme,
Et, par charité pure, il veut vous enlever
Tout ce qui vous peut faire obstacle à vous sauver.

ORGON.

Taisez-vous ! C’est le mot qu’il vous faut toujours dire.

CLÉANTE, à Orgon.

Allons voir quel conseil on doit vous faire élire.

ELMIRE.

Allez faire éclater l’audace de l’ingrat.
Ce procédé détruit la vertu du contrat :