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Sans délai ni remise, ainsi que besoin est.

ORGON.

Moi ! sortir de céans ?

M. LOYAL.

Moi ! sortir de céans ?Oui, monsieur, s’il vous plaît
La maison à présent, vous le savez de reste,
Au bon monsieur Tartuffe appartient sans conteste.
De vos biens désormais il est maître et seigneur,
En vertu d’un contrat duquel je suis porteur.
Il est en bonne forme, et l’on n’y peut rien dire.

DAMIS, à M. Loyal.

Certes, cette impudence est grande et je l’admire !

M. LOYAL, à Damis.

Monsieur, je ne dois point avoir affaire à vous ;

Montrant Orgon.

C’est à monsieur ; il est et raisonnable et doux,
Et d’un homme de bien il sait trop bien l’office,
Pour se vouloir du tout opposer à justice.

ORGON.

Mais…

M. LOYAL.

Mais…Oui, monsieur, je sais que pour un million
Vous ne voudriez pas faire rébellion,
Et que vous souffrirez en honnête personne
Que j’exécute ici les ordres qu’on me donne.

DAMIS.

Vous pourriez bien ici sur votre noir jupon,
Monsieur l’huissier à verge, attirer le bâton.

M. LOYAL, à Orgon.

Faites que votre fils se taise ou se retire.
Monsieur. J’aurois regret d’être obligé d’écrire,
Et de vous voir couché dans mon procès-verbal.

DORINE, à part.

Ce monsieur Loyal porte un air bien déloyal.

M. LOYAL.

Pour tous les gens de bien j’ai de grandes tendresses,
Et ne me suis voulu, monsieur, charger des pièces