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ORGON.

Contes en l’air !

ELMIRE.

Contes en l’air !Quel homme ! Au moins, répondez-moi.
Je ne vous parle pas de nous ajouter foi ;
Mais supposons ici que, d’un lieu qu’on peut prendre,
On vous fît clairement tout voir et tout entendre :
Que diriez-vous alors de votre homme de bien ?

ORGON.

En ce cas, je dirois que… Je ne dirois rien,
Car cela ne se peut.

ELMIRE.

Car cela ne se peut.L’erreur trop longtemps dure,
Et c’est trop condamner ma bouche d’imposture ;
Il faut que par plaisir, et sans aller plus loin,
De tout ce qu’on vous dit je vous fasse témoin.

ORGON.

Soit. Je vous prends au mot. Nous verrons votre adresse,
Et comment vous pourrez remplir cette promesse.

ELMIRE, à Dorine.

Faites-le-moi venir.

DORINE, à Elmire.

Faites-le-moi venir.Son esprit est rusé,
Et peut-être à surprendre il sera malaisé.

ELMIRE, à Dorine.

Non ; on est aisément dupé par ce qu’on aime.
Et l’amour-propre engage à se tromper soi-même.

À Cléante et à Mariane.

Faites-le-moi descendre. Et vous, retirez-vous.


Scène IV.

ELMIRE, ORGON.
ELMIRE.

Approchons cette table, et vous mettez dessous.

ORGON.

Comment !

ELMIRE.

Comment !Vous bien cacher est un point nécessaire.