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ORGON.

Vous fera démentir…Tais-toi, peste maudite !

TARTUFFE.

Ah ! laissez-le parler ; vous l’accusez à tort,
Et vous ferez bien mieux de croire à son rapport.
Pourquoi sur un tel fait m’être si favorable ?
Savez-vous, après tout, de quoi je suis capable ?
Vous fiez-vous, mon frère, à mon extérieur ?
Et, pour tout ce qu’on voit, me croyez-vous meilleur ?
Non, non : vous vous laissez tromper à l’apparence ;
Et je ne suis rien moins, hélas ! que ce qu’on pense.
Tout le monde me prend pour un homme de bien ;
Mais la vérité pure est que je ne vaux rien.

S’adressant à Damis.

Oui, mon cher fils, parlez ; traitez-moi de perfide,
D’infâme, de perdu, de voleur, d’homicide ;
Accablez-moi de noms encor plus détestés :
Je n’y contredis point, je les ai mérités ;
Et j’en veux à genoux souffrir l’ignominie,
Comme une honte due aux crimes de ma vie.

ORGON.

À Tartuffe.À son fils.

Mon frère, c’en est trop. Ton cœur ne se rend point.
Traître !

DAMIS.

Traître !Quoi ! ses discours vous séduiront au point…

ORGON.
Relevant Tartuffe.

Tais-toi, pendard ! Mon frère, eh ! levez-vous ! de grâce ?

À son fils.

Infâme !

DAMIS.

Infâme !Il peut…

ORGON.

Infâme ! Il peut…Tais-toi !

DAMIS.

Infâme ! Il peut… Tais-toi !J’enrage ! Quoi ! je passe…