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Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte :
Mais à convoiter, moi, je ne suis points ! prompte,
Et je vous verrois nu, du haut jusques en bas,
Que toute votre peau ne me tenteroit pas.

TARTUFFE.

Mettez dans vos discours un peu de modestie,
Ou je vais sur-le-champ vous quitter la partie.

DORINE.

Non, non, c’est moi qui vais vous laisser en repos ;
Et je n’ai seulement qu’à vous dire deux mots.
Madame va venir dans cette salle basse,
Et d’un mot d’entretien vous demande la grâce.

TARTUFFE.

Hélas ! très-volontiers.

DORINE, à part.

Hélas ! très-volontiers.Comme il se radoucit !
Ma foi, je suis toujours pour ce que j’en ai dit.

TARTUFFE.

Viendra-t-elle bientôt ?

DORINE.

Viendra-t-elle bientôt ?Je l’entends, ce me semble.
Oui, c’est elle en personne ; et je vous laisse ensemble.


Scène III.

ELMIRE, TARTUFFE.
TARTUFFE.

Que le ciel à jamais, par sa toute-bonté[1],
Et de l’âme et du corps vous donne la santé,
Et bénisse vos jours autant que le désire
Le plus humble de ceux que son amour inspire !

ELMIRE.

Je suis fort obligée à ce souhait pieux ;
Mais prenons une chaise, afin d’être un peu mieux.

TARTUFFE, assis.

Comment de votre mal vous sentez-vous remise ?

ELMIRE, assise.

Fort bien ; et cette fièvre a bientôt quitté prise.

  1. Mot composé à la façon des Grecs et des Allemands.