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DAMIS.

Point. Il faut qu’ils soient seuls.Je ne lui dirai rien.
Vous vous moquez : on sait vos trausports ordinaires ;
Et c’est le vrai moyen de gâter les affaires.
Sortez.

DAMIS.

Sortez.Non ; je veux voir ; sans me mettre en courroux.

DORINE.

Que vous êtes fâcheux ! Il vient. Retirez-vous.

Damis va se cacher dans un cabinet qui est au fond du théâtre.


Scène II.

TARTUFFE, DORINE.
TARTUFFE, parlant haut à son valet, qui est dans la maison, dès qu’il aperçoit Dorine.

Laurent, serrez ma haire avec ma discipline.
Et priez que toujours le ciel vous illumine.
Si l’on vient pour me voir, je vais aux prisonniers
Des aumônes que j’ai partager les deniers.

DORINE, à part.

Que d’affectation et de forfanterie !

TARTUFFE.

Que voulez-vous ?

DORINE.

Que voulez-vous ?Vous dire…

TARTUFFE, tirant un mouchoir de sa poche.

Que voulez-vous ? Vous dire…Ah ! mon Dieu ! je vous prie.
Avant que de parler, prenez-moi ce mouchoir.

DORINE.

Comment ?

TARTUFFE.

Comment ?Couvrez ce sein que je ne saurois voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.

DORINE.

Vous êtes donc bien tendre à la tentation ;
Et la chair sur vos sens fait grande impression !