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Qui viendra tout à coup, et voudra des délais ;
Tantôt vous payerez de présages mauvais :
Vous aurez fait d’un mort la rencontre fâcheuse,
Cassé quelque miroir, ou songé d’eau bourbeuse.
Enfin, le bon de tout, c’est qu’à d’autre qu’à lui
On ne vous peut lier que vous ne disiez oui.
Mais, pour mieux réussir, il est bon, ce me semble,
Qu’on ne vous trouve point tous deux parlant ensemble.

À Valère.

Sortez ; et, sans tarder, employez vos amis
Pour vous faire tenir ce qu’on vous a promis.
Nous allons réveiller les efforts de son frère,
Et dans notre parti jeter la belle-mère.
Adieu.

VALÈRE, à Mariane.

Adieu.Quelques efforts que nous préparions tous,
Ma plus grande espérance, à vrai dire, est en vous.

MARIANE, à Valère.

Je ne vous réponds pas des volontés d’un père ;
Mais je ne serai point à d’autre qu’à Valère.

VALÈRE.

Que vous me comblez d’aise ! Et, quoi que puisse oser…

DORINE.

Ah ! jamais les amans ne sont las de jaser.
Sortez, vous dis-je.

VALÈRE, VALÈRE, revenant sur ses pas.

Sortez, vous dis-je.Enfin…

DORINE.

Sortez, vous dis-je. Enfin…Quel caquet est le vôtre !
rirez de cette part ; et vous tirez de l’autre[1].

Dorine les pousse chacun par l’épaule, et les oblige à se séparer.

  1. Ici Molière a supprimé une scène dans laquelle la famille décidait qu’Elmire serait priée de faire à Tartuffe des remontrances sur le mariage projeté.>