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MARIANE.

Vous me le conseillez ?

VALÈRE.

Vous me le conseillez ?Oui.

MARIANE.

Vous me le conseillez ? Oui.Tout de bon ?

VALÈRE.

Vous me le conseillez ? Oui. Tout de bon ?Sans doute.
Le choix est glorieux et vaut bien qu’on l’écoute.

MARIANE.

Eh bien, c’est un conseil, monsieur, que je reçois.

VALÈRE.

Vous n’aurez pas grand’peine à le suivre, je crois.

MARIANE.

Pas plus qu’à le donner n’en a souffert votre âme.

VALÈRE.

Moi, je vous l’ai donné pour vous plaire, madame.

MARIANE.

Et moi, je le suivrai pour vous faire plaisir.

DORINE, se retirant dans le fond du théâtre.

Voyons ce qui pourra de ceci réussir[1].

VALÈRE.

C’est donc ainsi qu’on aime ? Et c’étoit tromperi
Quand vous…

MARIANE.

Quand vous…Ne parlons point de cela, je vous prie.
Vous m’avez dit tout franc que je dois accepter
Celui que pour époux on me veut présenter ;
Et je déclare, moi, que je prétends le faire,
Puisque vous m’en donnez le conseil salutaire.

VALÈRE.

Ne vous excusez point sur mes intentions :
Vous aviez pris déjà vos résolutions ;
Et vous vous saisissez d’un prétexte frivole
Pour vous autoriser à manquer de parole.

  1. Pour : arriver. Voyez plus haut.