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DORINE.

Que ne te parles-tu ?Je n’ai rien à me dire.

ORGON.

Encore un petit mot.

DORINE.

Encore un petit mot.Il ne me plaît pas, moi.

ORGON.

Certes, je t’y guettois.

DORINE.

Certes, je t’y guettois.Quelque sotte[1], ma foi !…

ORGON.

Enfin, ma fille, il faut payer d’obéissance,
Et montrer pour mon choix entière déférence.

DORINE, en s’enfuyant.

Je me moquerois fort de prendre un tel époux.

ORGON, après avoir manqué de donner un soufflet à Dorine.

Vous avez là, ma fille, une peste avec vous,
Avec qui, sans péché, je ne saurois plus vivre.
Je me sens hors d’état maintenant de poursuivre.
Ses discours insolens m’ont mis l’esprit en feu,
Et je vais prendre l’air pour me rasseoir un peu.


Scène III.

MARIANE, DORINE.
DORINE.

Avez-vous donc perdu, dites-moi, la parole.
Et faut-il qu’en ceci je fasse votre rôle ?
Souffrir qu’on vous propose un projet insensé,
Sans que du moindre mot vous l’ayez repoussé !

MARIANE.

Contre un père absolu que veux-tu que je fasse ?

DORINE.

Ce qu’il faut pour parer une telle menace.

MARIANE.

Quoi ?

  1. Voyez tome Ier, page 80, note quatrième.