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pleurésies avec des inflammations de poitrine ; c’est là que je me plais, c’est là que je triomphe ; et je voudrois, monsieur, que vous eussiez toutes les maladies que je viens de dire, que vous fussiez abandonné de tous les médecins, désespéré, à l’agonie, pour vous montrer l’excellence de mes remèdes et l’envie que j’aurois de vous rendre service.

argan.

Je vous suis obligé, monsieur, des bontés que vous avez pour moi.

toinette.

Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que l’on batte comme il faut. Ah ! je vous ferai bien aller comme vous devez. Ouais ! ce pouls-là fait l’impertinent ; je vois bien que vous ne me connoissez pas encore. Qui est votre médecin ?

argan.

Monsieur Purgon.

toinette.

Cet homme-là n’est point écrit sur mes tablettes entre les grands médecins. De quoi dit-il que vous êtes malade ?

argan.

Il dit que c’est du foie, et d’autres disent que c’est de la rate.

toinette.

Ce sont tous des ignorants. C’est du poumon que vous êtes malade.

argan.

Du poumon ?

toinette.

Oui. Que sentez-vous ?

argan.

Je sens de temps en temps des douleurs de tête.

toinette.

Justement, le poumon.

argan.

Il me semble parfois que j’ai un voile devant les yeux.

toinette.

Le poumon.

argan.

J’ai quelquefois des maux de cœur.