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cléante.

J’ai ouï dire que monsieur étoit mieux ; et je lui trouve bon visage.

toinette.

Que voulez-vous dire avec votre bon visage ? Monsieur l’a fort mauvais ; et ce sont des impertinents qui vous ont dit qu’il étoit mieux. Il ne s’est jamais si mal porté.

argan.

Elle a raison.

toinette.

Il marche, dort, mange et boit tout comme les autres ; mais cela n’empêche pas qu’il ne soit fort malade.

argan.

Cela est vrai.

cléante.

Monsieur, j’en suis au désespoir. Je viens de la part du maître à chanter de mademoiselle votre fille ; il s’est vu obligé d’aller à la campagne pour quelques jours ; et, comme son ami intime, il m’envoie à sa place pour lui continuer ses leçons, de peur qu’en les interrompant, elle ne vînt à oublier ce qu’elle sait déjà.

argan.

Fort bien. (À Toinette.) Appelez Angélique.

toinette.

Je crois, monsieur, qu’il sera mieux de mener monsieur à sa chambre.

argan.

Non. Faites-la venir.

toinette.

Il ne pourra lui donner leçon comme il faut, s’ils ne sont en particulier.

argan.

Si fait, si fait.

toinette.

Monsieur, cela ne fera que vous étourdir ; et il ne faut rien pour vous émouvoir en l’état où vous êtes, et vous ébranler le cerveau.

argan.

Point, point : j’aime la musique ; et je serai bien aise de… Ah ! la voici. (À Toinette.) Allez-vous-en voir, vous, si ma femme est habillée.