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Les Fourberies de Scapin.

Scapin.

Ces sortes de périls ne m’ont jamais arrêté ; et je hais ces cœurs pusillanimes qui, pour trop prévoir les suites des choses, n’osent rien entreprendre.

Zerbinette, à Scapin.

Nous aurons besoin de tes soins.

Scapin.

Allez. Je vous irai bientôt rejoindre. Il ne sera pas dit qu’impunément on m’ait mis en état de me trahir moi-même, et de découvrir des secrets qu’il étoit bon qu’on ne sût pas.


Scène II.

GÉRONTE, SCAPIN.
Géronte.

Hé bien ! Scapin, comment va l’affaire de mon fils ?

Scapin.

Votre fils, Monsieur, est en lieu de sûreté ; mais vous courez maintenant, vous, le péril le plus grand du monde, et je voudrois, pour beaucoup, que vous fussiez dans votre logis.

Géronte.

Comment donc ?

Scapin.

À l’heure que je parle, on vous cherche de toutes parts pour vous tuer.

Géronte.

Moi ?

Scapin.

Oui.

Géronte.

Et qui ?

Scapin.

Le frère de cette personne qu’Octave a épousée. Il croit que le dessein que vous avez de mettre votre fille à la place que tient sa sœur est ce qui pousse le plus fort à faire rompre leur mariage ; et, dans cette pensée, il a résolu hautement de décharger son désespoir sur vous, et de vous ôter la vie pour venger son honneur. Tous ses amis, gens d’épée comme lui, vous cherchent de tous les côtés, et demandent de vos nouvelles. J’ai vu même, deçà et delà, des