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Les Fourberies de Scapin.

Géronte.

À propos de ce que les mauvais déportements des jeunes gens viennent le plus souvent de la mauvaise éducation que leurs pères leur donnent.

Argante.

Cela arrive parfois. Mais que voulez-vous dire par là ?

Géronte.

Ce que je veux dire par là ?

Argante.

Oui.

Géronte.

Que si vous aviez en brave père, bien morigéné votre fils, il ne vous auroit pas joué le tour qu’il vous a fait.

Argante.

Fort bien. De sorte donc que vous avez bien mieux morigéné le vôtre ?

Géronte.

Sans doute, et je serais bien fâché qu’il m’eût rien fait approchant de cela.

Argante.

Et si ce fils, que vous avez, en brave père, si bien morigéné, avait fait pis encore que le mien ? Hé ?

Géronte.

Comment ?

Argante.

Comment ?

Géronte.

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Argante.

Cela veut dire, Seigneur Géronte, qu’il ne faut pas être si prompt à condamner la conduite des autres ; et que ceux qui veulent gloser doivent bien regarder chez eux s’il n’y a rien qui cloche.

Géronte.

Je n’entends point cette énigme.

Argante.

On vous l’expliquera.

Géronte.

Est-ce que vous auriez ouï dire quelque chose de mon fils ?

Argante.

Cela se peut faire.