Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/357

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
347
Acte I, SCÈNE III.

D’un amour dont tous deux nous redoutons l’effet ;
Ce que notre amitié, madame, n’a pas fait,
Il n’est rien qui le puisse faire.

CIDIPPE
Il faut que le pouvoir de Psyché… La voici.


Scène III



PSYCHÉ, CIDIPPE, AGLAURE, CLÉOMÈNE, AGÉNOR.


CIDIPPE
Venez jouir, ma sœur, de ce qu’on vous apprête.

AGLAURE
Préparez vos attraits à recevoir ici
Le triomphe nouveau d’une illustre conquête.

CIDIPPE
Ces princes ont tous deux si bien senti vos coups,
Qu’à vous le découvrir leur bouche se dispose.

PSYCHÉ
Du sujet qui les tient si rêveurs parmi nous
Je ne me croyois pas la cause ;
Et j’aurois cru toute autre chose,
En les voyant parler à vous.

AGLAURE
N’ayant ni beauté, ni naissance
À pouvoir mériter leur amour et leurs soins,
Ils nous favorisent au moins
De l’honneur de la confidence.

CLÉOMÈNE, à Psyché.
L’aveu qu’il nous faut faire à vos divins appas,
Est sans doute, madame, un aveu téméraire ;
Mais tant de cœurs, près du trépas,
Sont, par de tels aveux, forcés à vous déplaire,
Que vous êtes réduite à ne les punir pas
Des foudres de votre colère.
Vous voyez en nous deux amis
Qu’un doux rapport d’humeurs sut joindre dès l’enfance
Et ces tendres liens se sont vus affermis
Par cent combats d’estime et de reconnoissance.
Du destin ennemi les assauts rigoureux,
Les mépris de la mort, et l’aspect des supplices,
Par d’illustres éclats de mutuels offices,