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MONSIEUR JOURDAIN.

Madame… Monsieur le comte, faites-lui mes excuses, et tâchez de la ramener.


Scène III.

MADAME JOURDAIN, MONSIEUR JOURDAIN, LAQUAIS.
MONSIEUR JOURDAIN.

Ah ! impertinente que vous êtes, voilà de vos beaux faits ! Vous me venez faire des affronts devant tout le monde ; et vous chassez de chez moi des personnes de qualité !

MADAME JOURDAIN.

Je me moque de leur qualité.

MONSIEUR JOURDAIN.

Je ne sais qui me tient, maudite, que je ne vous fende la tête avec les pièces du repas que vous êtes venue troubler.

(Les laquais emportent la table.)
MADAME JOURDAIN, sortant.

Je me moque de cela. Ce sont mes droits que je défends, et j’aurai pour moi toutes les femmes.

MONSIEUR JOURDAIN.

Vous faites bien d’éviter ma colère.


Scène IV.

MONSIEUR JOURDAIN, seul.

Elle est arrivée là bien malheureusement. J’étois en humeur de dire de jolies choses ; et jamais je ne m’étois senti tant d’esprit. Qu’est-ce que c’est que cela ?


Scène V.

MONSIEUR JOURDAIN ; COVIELLE, déguisé.
COVIELLE.

Monsieur, je ne sais pas si j’ai l’honneur d’être connu de vous.

MONSIEUR JOURDAIN.

Non, monsieur.

COVIELLE, étendant la main à un pied de terre.

Je vous ai vu que vous n’étiez pas plus grand que cela.

MONSIEUR JOURDAIN.

Moi ?

COVIELLE.

Oui. Vous étiez le plus bel enfant du monde, et toutes les dames vous prenoient dans leurs bras pour vous baiser.