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MONSIEUR JOURDAIN.

La perruque et les plumes sont-elles comme il faut ?

LE MAÎTRE TAILLEUR.

Tout est bien.

MONSIEUR JOURDAIN, regardant le maître tailleur.

Ah ! ah ! monsieur le tailleur, voilà de mon étoffe du dernier habit que vous m’avez fait. Je la reconnois bien.

LE MAÎTRE TAILLEUR.

C’est que l’étoffe me sembla si belle, que j’en ai voulu lever un habit pour moi.

MONSIEUR JOURDAIN.

Oui : mais il ne falloit pas le lever avec le mien.

LE MAÎTRE TAILLEUR.

Voulez-vous mettre votre habit ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Oui : donnez-le-moi.

LE MAÎTRE TAILLEUR.

Attendez. Cela ne va pas comme cela. J’ai amené des gens pour vous habiller en cadence, et ces sortes d’habits se mettent avec cérémonie. Holà ! entrez, vous autres.


Scène IX.

MONSIEUR JOURDAIN, LE MAÎTRE TAILLEUR, LE GARÇON TAILLEUR, GARÇONS TAILLEURS dansants, UN LAQUAIS.
LE MAÎTRE TAILLEUR, à ses garçons.

Mettez cet habit à monsieur, de la manière que vous faites aux personnes de qualité.

PREMIÈRE ENTRÉE DE BALLET.

Les quatre garçons tailleurs dansants s’approchent de monsieur Jourdain. Deux lui arrachent le haut-de-chausses de ses exercices ; les deux autres lui ôtent la camisole ; après quoi, toujours en cadence, ils lui mettent son habit neuf. Monsieur Jourdain se promène au milieu d’eux, et leur montre son habit pour voir s’il est bien.

GARÇON TAILLEUR.

Mon gentilhomme, donnez, s’il vous plaît, aux garçons quelque chose pour boire.

MONSIEUR JOURDAIN.

Comment m’appelez-vous ?