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SOSTRATE.

Ciel ! n’est-ce point ici quelque songe, tout plein de gloire, dont les Dieux me veuillent flatter, et quelque réveil malheureux ne me replongera-t-il point dans la bassesse de ma fortune ?



Scène III

CLÉONICE, ARISTIONE, SOSTRATE, ÉRIPHILE, CLITIDAS
CLÉONICE.

Madame, je viens vous dire qu’Anaxarque a jusqu’ici abusé l’un et l’autre Prince par l’espérance de ce choix qu’ils poursuivent depuis longtemps, et qu’au bruit qui s’est répandu de votre aventure, ils ont fait éclater tous deux leur ressentiment contre lui, jusque-là que, de paroles en paroles, les choses se sont échauffées, et il en a reçu quelques blessures dont on ne sait pas bien ce qui arrivera. Mais les voici.



Scène IV

IPHICRATE, TIMOCLÈS, CLÉONICE, ARISTIONE, SOSTRATE, ÉRIPHILE, CLITIDAS
ARISTIONE.

Princes, vous agissez tous deux avec une violence bien grande, et si Anaxarque a pu vous offenser, j’étais pour vous en faire justice moi-même.

IPHICRATE.

Et quelle justice, Madame, auriez-vous pu nous faire de lui, si vous la faites si peu à notre rang dans le choix que vous embrassez ?

ARISTIONE.

Ne vous êtes-vous pas soumis l’un et l’autre à ce que pourraient décider ou les ordres du Ciel, ou l’inclination de ma fille ?

TIMOCLÈS.

Oui, Madame, nous nous sommes soumis à ce qu’ils pourraient décider entre le Prince Iphicrate et moi, mais non pas à nous voir rebutés tous deux.

ARISTIONE.

Et si chacun de vous a bien pu se résoudre à souffrir une préférence, que vous arrive-t-il à tous deux où vous ne soyez préparés, et que peuvent importer à l’un et à l’autre les intérêts de son rival ?

IPHICRATE.