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JULIE.

Non, je n’en ferai rien.

ORONTE.

Je te donnerai sur les oreilles.

ÉRASTE.

Non, non, monsieur ; ne lui faites point de violence, je vous en prie.

ORONTE.

C’est à elle à m’obéir, et je sais me montrer le maître.

ÉRASTE.

Ne voyez-vous pas l’amour qu’elle a pour cet homme-là ? et voulez-vous que je possède un corps dont un autre possède le cœur[1] ?

ORONTE.

C’est un sortilége qu’il lui a donné ; et vous verrez qu’elle changera de sentiment avant qu’il soit peu. Donnez-moi votre main. Allons.

JULIE.

Je ne…

ORONTE.

Ah ! que de bruit ! Çà, votre main, vous dis-je. Ah ? ah ! ah !

ÉRASTE, à Julie.

Ne croyez pas que ce soit pour l’amour de vous que je vous donne la main : ce n’est que de monsieur votre père dont je suis amoureux, et c’est lui que j’épouse.

ORONTE.

Je vous suis beaucoup obligé ; et j’augmente de dix mille écus le mariage de ma fille. Allons, qu’on fasse venir le notaire pour dresser le contrat.

ÉRASTE.

En attendant qu’il vienne, nous pouvons jouir du divertissement de la saison, et faire entrer les masques que le bruit des noces de monsieur de Pourceaugnac a attirés ici de tous les endroits de la ville.


Scène X.

TROUPE DE MASQUES, dansants et chantants.
UN MASQUE, en Égyptienne.

Sortez, sortez de ces lieux,

  1. Var. Dont un autre possédera le cœur ?