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SBRIGANI.

Vous ne ferez point mal.

PREMIER MÉDECIN.

Il est hypothéqué à mes consultations, et un malade ne se moquera pas d’un médecin.

SBRIGANI.

C’est fort bien dit à vous ; et, si vous m’en croyez, vous ne souffrirez point qu’il se marie, que vous ne l’ayez pansé tout votre soûl.

PREMIER MEDECIN.

Laissez-moi faire.

SBRIGANI, a part, en s’en allant.

Je vais, de mon côté, dresser une autre batterie ; et le beau-père est aussi dupe que le gendre.


Scène II.

ORONTE, PREMIER MÉDECIN.
PREMIER MÉDECIN.

Vous avez, monsieur, un certain monsieur de Pourceaugnac qui doit épouser votre fille ?

ORONTE.

Oui, je l’attends de Limoges, et il devroit être arrivé.

PREMIER MÉDECIN.

Aussi l’est-il, et il s’en est fui de chez moi, après y avoir été mis ; mais je vous défends, de la part de la médecine, de procéder au mariage que vous avez conclu, que je ne l’aie dûment préparé pour cela, et mis en état de procréer des enfants bien conditionnés de corps et d’esprit.

ORONTE.

Comment donc ?

PREMIER MÉDECIN.

Votre prétendu gendre a été constitué mon malade ; sa maladie, qu’on m’a donnée à guérir, est un meuble qui m’appartient, et que je compte entre mes effets ; et je vous déclare que je ne prétends point qu’il se marie, qu’au préalable il n’ait satisfait à la médecine, et subi les remèdes que je lui ai ordonnés.

ORONTE.

Il a quelque mal ?

PREMIER MÉDECIN.

Oui.