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nt savoir, que des grands et signalés services
Qu’il a rendus à l’état et à votre majesté en faisant
L’anagramme de votredite majesté en françois, latin,
Grec, hébreu, syriaque, chaldéen, arabe... "
Éraste, l’interrompant.
Fort bien. Donnez-le vite, et faites la retraite  :
Il sera vu du roi  ; c’est une affaire faite.
Caritidès.
Hélas  ! Monsieur, c’est tout que montrer mon placet.
Si le roi le peut voir, je suis sûr de mon fait  ;
Car comme sa justice en toute chose est grande,
Il ne pourra jamais refuser ma demande.
Au reste, pour porter au ciel votre renom,
Donnez-moi par écrit votre nom et surnom  ;
J’en veux faire un poëme en forme d’acrostiche
Dans les deux bouts du vers et dans chaque hémistiche.
Éraste.
Oui, vous l’aurez demain, monsieur Caritidès.
Ma foi, de tels savants sont des ânes bien faits.
J’aurois dans d’autres temps bien ri de sa sottise...

Acte III , scène III .

Ormin.
Bien qu’une grande affaire en ce lieu me conduise,
J’ai voulu qu’il sortît avant que vous parler.
Éraste.
Fort bien  ; mais dépêchons, car je veux m’en aller.
Ormin.
Je me doute à peu près que l’homme qui vous quitte
Vous a fort ennuyé, monsieur, par sa visite  :
C’est un vieux importun, qui n’a pas l’esprit sain,
Et pour qui j’ai toujours quelque défaite en main.
Au Mail, à Luxembourg et dans les Tuileries,


Il fatigue le monde avec ses rêveries  ;
Et des gens comme vous doivent fuir l’entretien
De tous ces savantas qui ne sont bons à