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Achevez de lire,
Votre âme pour ce mot ne doit pas s’interdire.

Dom Garcie lit.
"Quoique votre rival, Prince, alarme votre âme,
Vous devez toutefois vous craindre plus que lui,
Et vous avez en vous à détruire aujourd’hui
L’obstacle le plus grand que trouve votre flamme.

"Je chéris tendrement ce qu’a fait Dom Garcie
Pour me tirer des mains de nos fiers ravisseurs,
Son amour, ses devoirs ont pour moi des douceurs ;
Mais il m’est odieux avec sa jalousie.

"Ôtez donc à vos feux ce qu’ils en font paraître,
Méritez les regards que l’on jette sur eux ;
Et lorsqu’on vous oblige à vous tenir heureux,
Ne vous obstinez point à ne pas vouloir l’être."

Done Elvire
Hé bien, que dites-vous ?

Dom Garcie
Hé bien, que dites-vous ? Ha ! Madame, je dis,
Qu’à cet objet mes sens demeurent interdits ;
Que je vois dans ma plainte une horrible injustice,
Et qu’il n’est point pour moi d’assez cruel supplice.

Done Elvire
Il suffit, apprenez que si j’ai souhaité
Qu’à vos yeux cet écrit pût être présenté ;
C’est pour le démentir, et cent fois me dédire
De tout ce que pour vous, vous y venez de lire.
Adieu Prince.

Dom Garcie
Adieu Prince. Madame, hélas ! où fuyez-vous ?

Done Elvire
Où vous ne serez point, trop odieux jaloux.

Dom Garcie
Ha ! Madame, excusez un amant misérable,
Qu’un sort prodigieux a fait vers vous coupable,
Et qui, bien qu’il vous cause un courroux si puissant,
Eût été plus blâmable à rester innocent.