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RECHERCHES SUR L’ISOLEMENT DU FLUOR.

sieurs heures après ; on note le niveau du mercure dans l’éprouvette, la pression et la température ; on fait alors passer une série d’étincelles d’induction entre les deux fils de platine.

Lorsque l’on se sert d’une bobine fournissant dans l’air des étincelles de 0m,04, on n’obtient aucune décomposition. Après refroidissement, le volume est resté le même, les parois de l’éprouvette n’ont pas été attaquées, le mercure a conservé toute sa netteté et les propriétés du gaz ne sont en rien changées. C’est bien là le résultat obtenu par M. Thorpe[1].

Il n’en est plus de même si l’on emploie une forte bobine pouvant donner dans l’air des étincelles de 0m,20. Dans ces conditions, l’expérience étant disposée comme précédemment, on ne tarde pas à voir l’éprouvette se dépolir, la surface du mercure s’attaquer et perdre son brillant. Dans nos expériences, nous laissions le plus souvent passer l’étincelle pendant une heure. On abandonnait ensuite l’appareil de façon à laisser refroidir l’éprouvette qui s’était beaucoup échauffée. On notait enfin la température et la hauteur du mercure ; le volume du gaz avait diminué.

Si l’on fait l’analyse de ce gaz après le passage des étincelles, on voit qu’il a subi une assez profonde modification. Mis en présence de l’eau, il abandonne de la silice, ce qui indique la formation du fluorure de silicium ; enfin il reste un gaz (parfois jusqu’à 15 pour 100) qui n’est plus absorbable immédiatement par l’eau, qui est absorbable par une solution alcaline et qui présente toutes les réactions du trifluorure de phosphore.

Sous l’action de puissantes étincelles d’induction, le pentafluorure s’est donc dédoublé en trifluorure et en fluor

PhFl5 = PhFl3 + Fl2.
  1. Thorpe, Sur le pentafluorure de phosphore (Proceedings of the Royal Society, t. XXV, p. 122).