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H. MOISSAN.

absolument anhydre. C’est ce fluorure de calcium, maintenu liquide à une haute température, que M. Fremy va électrolyser dans un vase de platine. Dans ces conditions, le calcium se porte au pôle négatif, et l’on voit, autour de la tige de platine qui constitue l’électrode négative et qui se ronge avec rapidité, un bouillonnement indiquant la mise en liberté d’un nouveau corps gazeux. Ce corps gazeux déplace l’iode des iodures ; mais, aussitôt que l’on tente quelques essais, le métal alcalino-terreux, mis en liberté, perce la paroi de platine et tout est à recommencer ; l’appareil a été mis hors d’usage en quelques instants.

Loin de se décourager par les insuccès, M. Fremy apporte au contraire, dans ces recherches, une persévérance incroyable. Il varie ses expériences, modifie ses appareils et les difficultés ne font que l’encourager à poursuivre son étude.

Deux faits importants se dégagent tout d’abord de ses travaux : l’un qui est entré immédiatement dans le domaine de la Science ; l’autre qui semble avoir frappé beaucoup moins les esprits.

Le premier, c’est la préparation de l’acide fluorhydrique anhydre, de l’acide fluorhydrique pur. Jusqu’aux recherches de M. Fremy, on avait ignoré l’existence de l’acide fluorhydrique vraiment privé d’eau.

Ayant préparé et analysé le fluorhydrate de fluorure de potassium, M. Fremy s’en sert aussitôt pour obtenir l’acide fluorhydrique pur et anhydre.

Il prépare ainsi un corps gazeux à la température ordinaire, qui se condense dans un mélange réfrigérant en un liquide incolore très avide d’eau.

Voilà donc un résultat d’une grande importance, préparation de l’acide fluorhydrique pur.

Le second fait, qui a passé je dirai presque inaperçu et qui m’a vivement intéressé, surtout à la fin de mes re-