Page:Mission de Phénicie.djvu/18

Cette page n’a pas encore été corrigée

devaient bientôt amener une division de l’armée française en Syrie. La présence de nos soldats était une circonstance très-favorable à mon dessein ; les fouilles que je me proposais de faire s’en trouvaient singulièrement facilitées : il fut décidé que ces fouilles seraient faites par les soldats et que ma mission tiendrait lieu, pour l’armée de Syrie, de ces commissions scientifiques que la France, en sa noble préoccupation des choses de l’esprit, a toujours associées à ses expéditions militaires dans les pays lointains.

Encore indécis sur l’étendue qu’il convenait de donner à ces recherches et ignorant les ressources que je trouverais en Orient, je résolus de n’amener d’abord avec moi de France aucun collaborateur. La bienveillante intervention de MM. de Sauley et Guillaume Rey m’avait assuré dès lors en Orient la plus précieuse des collaborations : M. le docteur Gaillardot, médecin français fixé en Syrie depuis vingt-six ans, voulut bien mettre au service de la mission sa rare expérience du pays et les profondes études qu’il en avait déjà faites. Depuis le moment de mon arrivée, en effet, jusqu’à ce jour, M. Gaillardot n’a cessé de me prêter le concours le plus dévoué. C’est grâce à lui que j’ai pu, en un an, remplir un programme qui aurait demandé un long séjour. J’ajoute que le courage m’aurait manqué peut-être si, au milieu des innombrables difficultés d’une si pénible entreprise, au milieu de populations égarées ou abruties, je n’avais eu sans cesse à côté de moi l’exemple de ce que peut la force d’un caractère honnête, sérieux, modeste, pour réagir contre les entrainements d’un monde abaissé.

J’arrivai à Beyrouth dans les derniers jours d’octobre. Je trouvai dans M. le général de Beaufort un empressement à seconder mes recherches qui ne devait pas un moment se démentir. Il décida qu’une compagnie serait attachée à chacune des fouilles que je voudrais entreprendre ; il me demanda des instructions pour les différents corps déjà répandus dans le Liban ; il prit des mesures efficaces pour que notre entreprise fût réelle-