Page:Mirbeau - Une soirée de trahison, paru dans L’Aurore, 09 février 1899.djvu/4

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Puis, s’étayant sur mon bras, car ses jambes étaient molles et mal assurées, il me conduisit dans le salon où, déjà, la maîtresse de maison, la délicieuse princesse Espionne, offrait le café à ses hôtes. Loew y était déjà, et aussi Dumas, et Atthalin pareillement. Leur tenue était indiciblement répugnante et, comme dit M. Rochefort, d’une outrageante obscénité. Tous les trois, figure luisante, ventre réjoui, ils se vautraient, parmi des femmes, sur les coussins d’un large divan et ils répétaient, d’une voix exagérément avinée et turpide, en branlant la tête, selon des rythmes d’ivrognes :

— La vie est belle !… La vie est belle !…