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D’ailleurs, tout les y pousse. Le meurtre est dans l’air. Voilà huit mois qu’on prêche l’assassinat, au nom de la Patrie, qu’on l’exulte, qu’on le glorifie au nom de Dieu ! Le soldat l’appelle et le moine le bénit. Il a conquis la rue ; il domine les prétoires de justice et les temples de religion, hurlé dans la presse, protégé par toutes les puissances gouvernementales, sociales et divines. Et les bandes sont là, prêtes à se ruer sur quiconque osera encore affirmer un idéal, opposer la vérité au mensonge, le droit au crime, crier la justice !