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Thérèse, attendrie.

Pourquoi ne voulez-vous pas que je sois, pour tout le monde, une femme comme les autres ? (Elle lui abandonne sa main qu’il baise.) À propos de quoi cette conversation ?

D’Auberval

Vous allez vous fâcher de nouveau… (Geste de Thérèse.) À propos des embarras financiers du baron… On a bien peur qu’il soit ruiné… On vous plaignait…

Thérèse

Ils ont de la pitié de reste… Je ne suis pas à plaindre… (Un temps.) Vous ne dites pas tout.

D’Auberval

Eh bien, non… (Extrêmement gêné.) Ce qui m’a rendu le plus malheureux, c’est d’entendre trop souvent répéter… en même temps que le vôtre… le nom de…

Thérèse, avec tranquillité.

Biron.

D’Auberval, stupéfait.

Oh !

Thérèse, même ton.

Croyez-vous que, depuis dix ans, ce soit la première fois que cette calomnie ? (Elle regarde bien en face d’Auberval ahuri.) Oui… je sais… j’aurais dû fermer ma porte à Biron… C’est mon mari qui m’en a empêchée… Il a bien fait, après tout… Biron est ce qu’il est… Mais c’est un excellent ami, à qui nous devons beaucoup… Et puis, qu’on dise ce qu’on voudra… Je m’en moque… Non, vraiment, les gens sont trop bêtes !

D’Auberval

Trop méchants !…